Interview with His Majesty King Abdullah II

By: 
Charles Lambroschini
For: 
Le Figaro
16 March 2002

Le Figaro: Quel a été votre message au vice-président américain Dick Cheney?

Le Roi Abdullah: Je lui ai dit que le Moyen Orient ne peut pas supporter deux guerres en même temps : les affrontements israélo-palestinien et une intervention américaine contre l'Irak. S'attaquer maintenant à Bagdad serait un désastre. La sécurité et la stabilité de notre région n'y résisteraient pas. "Mordre et mâcher en même temps", comme on dit vulgairement, serait une stratégie trop dangereuse. Mieux vaut donner une nouvelle chance au dialogue entre l'Irak et l'ONU. Parallèlement, il faut que la communauté internationale fasse pression sur les Israéliens et les Palestiniens pour les pousser à reprendre la négociation et, ainsi, briser le cycle de la violence.

Le Figaro: Mais croyez-vous que le plan de paix, dont l'Arabie saoudite vient de prendre l'initiative, a vraiment une chance d'aboutir? Après tout, ces propositions n'ont rien d'original. Elles avaient déjà été défendues par la Jordanie et l'Egypte.

Le Roi Abdullah: Le plan saoudien a deux atouts. Lorsque la Jordanie et l'Egypte avaient exposé leurs idées, nos deux pays avaient déjà signé la paix avec Israël. Le fait que l'Arabie saoudite s'engage a donc un impact beaucoup plus fort. Deuxième atout: le langage choisi est volontairement simple. On ne parle pas des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité dont seuls les diplomates savent ce qu'elles signifient. Le plan saoudien s'adresse à l'homme de la rue en Israël. Outre un règlement du conflit avec les Palestiniens, il propose aux Israéliens la garantie de leur intégration dans la région.

Le Figaro: Pourquoi les citoyens israéliens montreraient-ils plus d'enthousiasme que leur premier ministre Ariel Sharon?

Le Roi Abdullah: Parce que le plan saoudien répond à des motivations personnelles. Voici ce qu'il dit aux Israéliens: "Voulez-vous continuer de partir au travail avec un pistolet mitrailleur sur l'épaule? Combien de temps supporterez vous d'aller faire vos courses chez l'épicier ou manger une pizza dans un restaurant sans savoir si vous reviendrez vivant à la maison? Comment pouvez-vous accepter l'angoisse quotidienne d'attendre que vos enfants rentrent sains et saufs de l'école?" La réponse ne fait pas de doute. Les Israéliens savent que leur avenir ne dépend pas seulement de la paix avec les Palestiniens. Au fond de son coeur, chaque citoyen de l'Etat hébreu sait qu'il doit regarder plus loin que ses frontières nationales. Qu'il lui faudra un jour faire partie du voisinage.

Le Figaro: La question palestinienne ne serait donc plus une priorité?

Le Roi Abdullah: Je n'ai rien dit de tel. Nous traitons de la dimension psychologique du conflit. Il y a donc deux "paniers" à considérer: la sécurité d'Israël et la création d'un Etat palestinien. Sur ce deuxième point, le plan saoudien parie aussi sur une approche personnalisée. Il faut que chaque Palestinien en vienne à penser: "Le jour où j'aurai mon Etat, il n'y aura plus de barrage militaire pour m'empêcher d'emmener à l'hôpital ma femme enceinte, pour empêcher mes enfants de se rendre à l'école". Pour arriver à une solution, nous devons tendre la main aux gens. Or, après dix-huit mois de sang versé, je crois que les hommes et les femmes des deux camps pensent la même chose: "Combien de frères et de sours, combien d'amis vont encore tomber ? C'est à vous les politiciens de nous sortir de cette horreur !"

Le Figaro: Le sommet de la Ligue arabe à Beyrouth, fin mars, aurait-il donc une chance de résoudre le problème israélo-palestinien?

Le Roi Abdullah: Ce n'est pas à Beyrouth que nous trouverons la solution. Nous voulons seulement dire aux Israéliens que la paix est possible. Ce ne sont pas les Palestiniens qui peuvent garantir la sécurité future d'Israël mais l'ensemble du monde arabe. Or les pays arabes sont prêts à donner cette assurance si Israël règle ses différents avec ses voisins immédiats : les Palestiniens, la Syrie et le Liban. Il ne s'agit pas d'un nouveau départ puisque, dès la conférence de Madrid en 1991, les Arabes avaient donné le feu vert à la négociation. C'est juste une façon de rappeler que l'intégration d'Israël dans la région est une nécessité incontournable.

Le Figaro: C'est le camp des modérés qui s'exprime ainsi. Mais, pour que le sommet arabe ne soit pas pris en otage par les radicaux, il faudrait que Yasser Arafat soit libre de se rendre à Beyrouth. Avez-vous insisté auprès de Dick Cheney pour qu'il insiste auprès des Israéliens ?

Le Roi Abdullah: Ce n'est pas seulement à Dick Cheney que je l'ai dit. J'en avais parlé avec George W. Bush lors de mon dernier voyage aux Etats-Unis et je n'ai cessé de le répéter aux Israéliens. Le fait que Yasser Arafat puisse venir au Sommet revêt une importance politique absolument critique. Et il est plus encore important qu'il puisse ensuite retourner chez lui. Je vais en reparler au président Bush la semaine prochaine à Mexico. Les Américains et les Israéliens reconnaissent que la question est importante. Mais il n'y a pas eu de réponse définitive. Tout ce que je peux dire c'est que refuser à Arafat le droit de participer au sommet de Beyrouth constituerait une grande victoire pour les extrémistes.

Le Figaro: La Maison Blanche renvoie le général Zinni en Israël pour tenter de ramener le calme. Mais un cessez-le-feu n'a de chance de tenir que s'il offre aussi un débouché politique. Compte tenu de la violence actuelle une telle perspective vous semble-t-elle réaliste?

Le Roi Abdullah: C'est toujours le même dilemme. Les Israéliens insistent sur le préalable de la sécurité tandis que les Palestiniens affirment que le problème est d'abord politique. Finalement, la meilleure carte de Zinni c'est le plan saoudien puisqu'il remplit les deux conditions nécessaires à un règlement: la garantie de sécurité pour les Israéliens et la promesse d'un Etat pour les Palestiniens.

Le Figaro: Mais lorsque le plan saoudien évoque un retour aux frontières de 1967, comment pourrait-on arriver à un compromis ? Ce qui est acceptable pour la Syrie, qui récupérerait le plateau du Golan, n'est-il pas inacceptable pour Israël qui réclame des corrections de frontières?

Le Roi Abdullah: S'ils le voulaient, Israël et la Syrie pourraient s'entendre très rapidement : leur différent est bien plus simple à régler que celui qui oppose les Israéliens et les Palestiniens. Mais le conflit actuel bloque tout mouvement par la Syrie ou d'autres pays arabes. Si l'initiative saoudienne réussit à faire baisser la tension entre Israël et les Palestiniens, alors d'autres portes pourront s'ouvrir : celles de la Syrie et du Liban notamment. Aujourd'hui la Syrie proclame que les frontières de 1967 ne sont pas négociables et Israël se dit intransigeant sur la Cisjordanie. Mais lorsque vous arrivez à convaincre les gens de s'asseoir autour d'une table la négociation finit toujours par s'engager. A Taba, où les discussions israélo-palestiniennes ont failli aboutir, l'impensable s'était produit : on avait envisagé que le démantèlement de certaines colonies de peuplement soit compensé par la cession à Israël de terrains ailleurs.

Le Figaro: Aujourd'hui, quelle devrait être la stratégie d'Arafat ?

Le Roi Abdullah:S'il retrouve sa liberté de mouvement, je pense qu'il cherchera à faire appliquer aussi vite que possible les recommandations des médiateurs américains Tenet et Mitchell. L'escalade des affrontements rend cet objectif très difficile à atteindre. Mais, face à la violence, la seule option est de retourner à la table de négociation.

Le Figaro: Cela suppose aussi que Sharon choisisse une ligne plus modérée.

Le Roi Abdullah: Ce sera donnant-donnant. Mais si une bombe explose, le premier ministre israélien ordonnera des représailles même s'il est en pleine tractation avec les Palestiniens. Rappelez-vous la formule de Rabin: "je négocierai comme s'il n'y avait pas de terrorisme et je combattrai le terrorisme comme s'il n'y avait pas de négociation". Je le répète, après dix-huit mois de violences, les populations, qui ont payé le prix fort, exigent une porte de sortie. Mais en même temps ces populations restent déterminées. En Cisjordanie comme à Gaza, de nombreux Palestiniens auraient pu choisir l'exil. Pourtant ils ne sont pas partis.

Le Figaro: Arafat a rejeté l'offre, sans précédent insistent les Israéliens, que lui avait faite Ehud Barak pendant l'été 2000. Le président palestinien n'a-t-il pas commis une erreur historique?

Le Roi Abdullah: Aujourd'hui, on a l'impression que c'est à Taba que le rideau est tombé. Parce que le mandat du président Clinton se terminait, parce que dix jours plus tard Barak perdait les élections face à Sharon. Mais on oublie que Taba a été le théâtre de tout un processus de négociation qui vit les Israéliens et les Palestiniens se rapprocher chaque jour un peu plus d'un accord final. Si Barak était resté au pouvoir, il y aurait eu un Taba 2, un Taba 3, un Taba 4.

Le Figaro: Si les discussions redémarrent, pensez-vous que les acquis de Taba, s'ajoutant à une version corrigée des propositions de Barak, seraient encore d'actualité ?

Le Roi Abdullah: Oui. Je suis convaincu que le jour où la négociation reprendra, Taba constituera une bonne base de départ. Les deux camps n'avaient jamais été aussi prés d'un accord. Après le sang de l'intifada, redémarrer à zéro me paraîtrait insupportable. Taba reste le meilleur tremplin.

Le Figaro: Mais Arafat a dit non parce que les Israéliens lui refusaient la souveraineté totale sur les lieux saints de l'islam à Jérusalem. Convaincu que le monde musulman ne lui aurait pas pardonné, il avait même confié à Clinton: "Si j'accepte, je vous invite à mon enterrement".

Le Roi Abdullah: La négociation continuait. Les deux parties essayaient de régler les derniers détails, les plus délicats évidemment. Je pense qu'un arrangement sur Jérusalem était possible. Avec un peu plus de temps, un peu plus d'imaginations, l'accord était à portée de main.

Le Figaro: Restait quand même un autre obstacle: le droit au retour des réfugiés palestiniens dont les Israéliens jurent qu'ils ne s'y résigneront jamais.

Le Roi Abdullah: Dans le monde arabe, il y a eu beaucoup de confusion sur ce sujet. Le droit au retour signifiait que tous les réfugiés pouvaient retourner dans l'Etat palestinien mais qu'il y avait un problème quant au retour des réfugiés de 1948 sur le territoire de l'Etat hébreu. Ce point, qui n'avait pas été clarifié vis à vis de l'opinion arabe, a sûrement été l'un des problèmes majeurs auxquels Arafat s'est retrouve confronté. Ce fut une querelle de principe. Les Israéliens affirmaient que même la simple théorie d'un droit au retour portait atteinte à leur identité nationale.

Le Figaro: Combien de temps encore, les Etats arabes pourront-ils se contenter de soutenir les Palestiniens avec des paroles plutôt qu'avec des actes ?

Le Roi Abdullah: Devant l'escalade des affrontements , le risque d'un conflit régional ne peut plus être écarté. Surtout quand on pense que deux des voisins d'Israël, le Liban et la Syrie, n'ont pas fait la paix. Dès lors qu'un Etat arabe se trouvera entraîné dans la bataille, les autres devront se tenir à ses côtés. C'est bien pourquoi, il est urgent de retrouver le chemin de la négociation.

Le Figaro: Alors que l'extrême droite israélienne considère que la vocation de l'Etat palestinien est de s'installer en Jordanie, Sharon a-t-il bien mesuré le sérieux de votre avertissement ? Vous avez prévenu que, contrairement à 1948 et 1967, la Jordanie fermerait ses frontières à toute nouvelle vague de réfugiés.

Le Roi Abdullah: J'ignore si l'opinion israélienne a saisi toute la portée de ce que j'ai dit. Mais je pense que le gouvernement israélien m'a fort bien compris. Pour la Jordanie, il y a une ligne rouge qui ne doit pas être franchie. Depuis des années, nous payons le prix de ce qui se passe de l'autre côté du Jourdain. Cette fois, nous refuserons le fait accompli.

Le Figaro: Mais pour les Américains les attaques terroristes du 11 septembre ont changé la donne. Comme l'a montré le discours du président Bush sur "l'axe du mal", l'heure est moins à la diplomatie qu'à la guerre.

Le Roi Abdullah: Il faut que je sois très prudent dans ma réponse. Car la première fois que l'on m'a demandé mon opinion sur ce discours, les gens en ont conclu que j'approuvais la définition américaine de l'axe du mal. Voici précisément ce que George W Bush m'a dit. Depuis le 11 septembre, la communauté internationale n'a plus le droit de trouver d'excuse au terrorisme. L'avertissement adressé à l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord avait donc pour but de dissiper toute ambiguïté. Ignorant quel côté de la barrière ces trois pays avaient choisi, le président Bush leur a, en somme, donné une lecture publique de la nouvelle loi: "Faute de décider si vous êtes avec nous ou contre nous, vous risquez d'avoir des problèmes".

Le Figaro: Comme l'a dit Hubert Védrine, le ministre français des affaires étrangères, n'est-ce pas une vision trop "simpliste"?

Le Roi Abdullah: Avec moi, le président américain a été très clair et très franc. Mais c'est un homme qui écoute. Et, en bon politique, il écoute bien. Il comprend parfaitement ce que sont les enjeux du Moyen Orient. Il sait que, pour remporter notre combat, contre le terrorisme et l'extrémisme, nous ne pouvons pas nous permettre de plonger la région dans une instabilité incontrôlable. Il sait aussi ce que seront les dangers si les feux du conflit israélo-palestinien ne sont pas éteints ; si l'Irak et l'Occident en viennent à une confrontation armée. J'espère que le bon sens l'emportera car je constate que la Maison Blanche n'a pas encore pris la décision d'intervenir contre l'Irak. Je crois que l'option du dialogue reste ouverte.

Le Figaro: Vous venez aussi de recevoir le vice-président irakien Ibrahim. Saddam Hussein a-t-il compris que sa seule chance d'empêcher les Américains de frapper est d'accepter le retour des inspecteurs de l'ONU chargés de vérifier que l'Irak n'a pas reconstitué ses armes de destruction massive?

Le Roi Abdullah: Dans l'hypothèse d'une intervention américaine, la Jordanie risquerait de beaucoup souffrir. Notre pays est très dépendant du commerce avec l'Irak parce que le prix d'ami consenti par Bagdad sur son pétrole représente une économie absolument essentielle pour le financement de nos investissements. La Jordanie est donc particulièrement crédible lorsqu'elle met en garde Saddam Hussein. Les modérés du monde arabe ont été unanimes à lui expliquer que, depuis le 11 septembre, les règles du jeu ont changé. Qu'il doit donc montrer plus de souplesse. Notre message a été brutal: si Saddam Hussein s'obstine, les avocats du dialogue n'auront plus d'arguments face aux partisans de la force.

Le Figaro: Oussama Ben Laden voulait vous faire assassiner. Il a échoué et, depuis, les Américains ont vaincu ses troupes en Afghanistan. Croyez-vous que sa défaite est totale ou pensez-vous qu'en réalité il a remporté la victoire en s'attachant les cours et les esprits des masses arabes?

Le Roi Abdullah: D'abord, il est évident que le monde arabe a retenu une leçon peu flatteuse pour l'image d'Oussama Ben Laden. La majorité des Arabes pensait, qu'après des années de guerre civile, les talibans avaient travaillé au bien du peuple afghan. Et puis on a découvert que leur conduite avait été rien moins qu'admirable. Du coup, Ben Laden a beaucoup perdu de son romantisme. Mais il reste dangereux parce qu'aucun des abcès de fixation qui légitimaient sa rhétorique n'a été éliminé. La persistance du conflit israélo-palestinien et, maintenant, la perspective d'une intervention contre l'Irak ne font que nourrir les frustrations des Arabes et donc les arguments de Ben Laden.

Le Figaro: Craignez-vous une nouvelle vague islamiste dans le monde arabe?

Le Roi Abdullah: Toute la stratégie de Ben Laden est de profiter des points de crise régionaux pour faire entendre son prêche et recruter des militants. Pour gagner la bataille contre les extrémistes et les fondamentalistes, il faut en finir avec tous les conflits qui justifient la propagande de Ben Laden. Si nous ne faisons rien pour régler le problème israélo-palestinien, si nous ajoutons aux affrontements de Cisjordanie et de Gaza, une expédition contre l'Irak, nous nous tirons dans le pied. L'Occident n'en sera que plus détesté. Pourtant, la communauté internationale doit le comprendre : ce n'est pas nous qui avons rallié l'Amérique dans sa bataille contre le terrorisme, c'est elle qui nous a rejoint. Il a fallu les attaques du 11 septembre pour que l'Occident se réveille et prenne conscience du péril. Mais, si nous devons combattre ensemble, nous devons le faire avec intelligence.

Le Figaro: Comment se fait-il que les Arabes, qui s'indignent quand Israël tire sur les Palestiniens, ne protestent pas quand la foule indienne massacre des musulmans ou quand Saddam Hussein martyrise son propre peuple?

Le Roi Abdullah: Les Arabes manquent de confiance en eux-mêmes. Et quand vous demandez aux Arabes "ferez vous la guerre s'il n'y a pas la paix?", leur réflexe est de se dire "à quoi bon!". Israël dispose d'une telle avance technologique que, du point de vue arabe, il n'y a pas de solution militaire. D'autre part, il faut tenir compte de réactions tout simplement humaines. Pendant les opérations en Afghanistan, les rues de la Jordanie étaient les plus calmes du monde arabe. Pourquoi? Parce que l'Afghanistan est loin. Il s'agissait d'un problème musulman mais combien de Jordaniens ont-ils jamais rencontré un Afghan? Alors que Yasser Arafat et Israël se trouvent de l'autre côté de notre frontière. Ce sont nos voisins. Il y a un lien émotionnel parce que nous pouvons voir de nos yeux les dommages infligés à l'autre rive du Jourdain. Nous sommes malheureux de ce que subissent les musulmans en Inde. Mais c'est un autre monde, très étranger. Quant à la façon dont Saddam Hussein traite ses concitoyens, cela ne plaît sûrement pas aux autres Arabes. Mais il s'agit des affaires intérieures d'un pays arabe. Entre les Palestiniens et les Israéliens, au contraire, c'est le choc de deux nations.